L’Eglise de Saint-Martin 

Les fondations de la paroisse de Moisville seraient d’origine gallo-romaine antérieure au Vlle siècle.

Tout comme le centre d’ Evreux et le Gisacum au Vieil-Evreux.

 

 

Les murs, de silex et calcaire, sont épaulés par plusieurs contreforts qui font les murs oriental datant du XIe ou du XIIe.

Cependant la plus grande partie de cette église est plus récente car il y a eu une reconstruction après la guerre de Cent Ans, sans doute à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle.

 

Sa dédicace à Saint Martin:

« Un jour, au milieu d’un hiver dont les rigueurs extraordinaires avaient fait périr beaucoup de personnes, Martin, n’ayant que ses armes et son manteau de soldat, rencontra à la porte d’Amiens un pauvre presque nu. L’homme de Dieu, voyant ce malheureux implorer vainement la charité des passants qui s’éloignaient sans pitié, comprit que c’était à lui que Dieu l’avait réservé. Mais que faire ? il ne possédait que le manteau dont il était revêtu, car il avait donné tout le reste ; il tire son épée, le coupe en deux, en donne la moitié au pauvre et se revêt du reste. Quelques spectateurs se mirent à rire en voyant ce vêtement informe et mutilé ; d’autres, plus sensés, gémirent profondément de n’avoir rien fait de semblable, lorsqu’ils auraient pu faire davantage, et revêtir ce pauvre sans se dépouiller eux-mêmes. La nuit suivante, Martin s’étant endormi vit Jésus-Christ revêtu de la moitié du manteau dont il avait couvert la nudité du pauvre ; et il entendit une voix qui lui ordonnait de considérer attentivement le Seigneur et de reconnaître le vêtement qu’il lui avait donné. Puis Jésus se tournant vers les anges qui l’entouraient leur dit d’une voix haute : « Martin n’étant encore que catéchumène m’a revêtu de ce manteau. »

Cette scène se déroula à Amiens, un soir de l’hiver 334, le manteau du légionnaire appartenait à l’armée Romaine, mais chaque soldat pouvait le doubler à ses frais, à l’intérieur par un tissu ou une fourrure.

Ce qu’il restait de la cape de Martin fut par la suite exposé à Tours dans un local qui pris le nom de chapelle.

 

 

 

Le patron de la paroisse au moyen Âge était le seigneur de Bières. Le plus célèbre étant Roger de Bières, chevalier mort en 1270.

 

 

Dalle funéraire de Roger de Bières dans l’Eglise Saint-Martin

Dalle funéraire, statue, ou gisant ?

Comment définir la sculpture en pierre de Roger de Bières présente dans le cœur de
l’église ?

Certains racontent, avoir entendu dire, qu’elle aurait été en position debout à gauche du chœur ? D’autres, plus
connaisseurs affirment que non, c’est un gisant et par définition : c’est couché.

Pourtant elle est à l’emplacement où nous la voyons aujourd’hui que depuis 1911.

Louis Régnier (1865-1923). Historien et archéologue à Évreux. – Membre de la Société libre d’agriculture, sciences, arts de l’Eure, écrit dans : L’ALBUM ARTISTIQUE ET ARCHEOLOGIQUE de la SOCIETE DES AMIS DES ARTS DU DEPARTEMENT DE ‘EURE :

« Au mois de mai 1901, je visitais l’église de MOISVILLE, canton de DAMVILLE, arrondissement d’EVREUX, accompagné d’un ami. Nous y trouvâmes une sculpture dont je pris le croquis et la description. C’était une dalle avec statue de gisant, le tout placé debout contre la muraille, au nord du chœur, et abritée sous une sorte de toiture de pierre à deux versants.

Cette disposition remontait à une époque déjà ancienne et avait été visiblement la cause de l’agencement bizarre des boiseries ».

La dépose des lambri

s en octobre 2020 a révélé son emplacement, photo ci-contre.

 

Dans l’édition de 1907 il est écrit : Cette statue que M REG

NIER a vu encore en place en1901, dans l’église de MOISVILLE ne s’y trouve plus. Elle a été aliénée dans des conditions scandaleuses, qui mériteraient d’alerter les pouvoirs publics. (Elle avait été vendue à un antiquaire d’EVREUX de la rue Chartraine, Mr GARRAU)

Extrait de la déposition de Mr GARRAU :

Au début 1905 j’ai appris par Mr DANOIS cafetier dans cette localité qu’une statue ancienne, qui faisait peur à tout le monde, disait il, se trouvait dans un coin de l’église.

Accompagné de Mr BONNEL Adonis je suis allé voir cette statue, c’était un monument funéraire placé debout devant la muraille et dissimulé par une boiserie. Il fallait pour le voir, ouvrir une porte, on ne voyait qu’une partie du monument. Elle était en somme dans un réduit ou se trouvait les outils du fossoyeur.

Avec l’accord du maire et du curé, Mr GARRAU achète la statue pour 200 francs, prend en charge les frais de descellement, le replâtrage du mur et le transport pour un coût de 350 francs et revend au mois de mars de la même année la statue à Mr COBLENTZ antiquaire aux ANDELYS pour 4 000 francs. Ce dernier envoie des reproductions photographiques de la statue à de riches collectionneurs et en demande 25 000 francs.

Suite aux révélations de Louis REGNIER en 1907 la préfecture demande des explications au maire. L’ancien maire qui avait conclu la vente étant décédé, la nouvelle municipalité revendique la propriété de la statue au nom de la commune. Par jugement le 16 mai 1907 le tribunal d’EVREUX déclare, que : La vente de la statue en
question, immeuble par destination, faisant partie du domaine public communal est nulle. La statue doit être restituée et réintégrée dans l’église sous contrainte de 25 000 francs, pour Mr GARRAU ;

Le 21 juillet 1911 Mr Jules GOY maire de MOISVILLE apprend que Mr CHARPENTIER camionneur aux ANDELYS est à environ 8 kms et doit arriver vers 14 h00 pour y déposer la statue dans un endroit quelconque de l’église. Mr Jules GOY ne l’entend pas de cette oreille et exige qu’une personne des Beaux-Arts soit présente au déchargement. Mr GARRAU arrivé à son tour pensant aux dépenses qu’elles lui avaient coutées, à sa condamnation à régler les frais du procès, et aux 25 000 francs qu’elle risquait de lui couter encore ne put rien changer ; il fit appel à un huissier de justice d’EVREUX Mr Arthur GOMEL.

Ce n’est que le lendemain qu’un accord fut trouvé et, plutôt que de la remettre en place ou elle avait été prise avec les difficultés à surmonter, de modification des boiseries, maçonnerie …, il est décidé de la placer sur un socle dans le chœur.

Après un peu plus de six ans de cavale le Chevalier Roger de BIERES est de retour à
MOISVILLE avec toujours sa part de mystère. Il est classé au titre « objets des monuments
historiques » par protection juridique et par arrêté du 25 septembre 1911.